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Analyse de Bentley

La perméabilité

La perméabilité

La perméabilité

La perméabilité décrite selon Bentley est un concept primordial en design urbain. Fondamentalement, un quartier perméable offre aux usagers une multitude d’options de trajets menant aux différents attraits ou fonctions du secteur. Le trajet en soi doit être facilement praticable, mais également offrir une perméabilité visuelle laissant les usagers voir leur destination finale.  En outre, la présence en fin de parcours d'un repère ou d'une destination d'importance, comme une place publique ou un arrêt de transport en commun, contribue à la perméabilité. Outre les caractéristiques des voies de circulation, la proportion des îlots joue un rôle important dans le niveau de perméabilité d’un site. Certaines règles ont été élaborées par Bentley afin d’analyser tous les aspects affectant la perméabilité.

D’abord, le projet de Meneba est relié à Amsterdam via la N514, une artère qui à son tour se raccorde à l’autoroute N246 située à moins de 800 mètres du site. Par conséquent, la N514 est l’artère la plus proche qui accommode le réseau de transport en commun. De là, deux routes collectrices encerclent le site et se rejoignent à l’axe de la rue Noordijk qui coupe longitudinalement le site parallèlement à la rivière Zaan. Pour accéder au site, les designers ont prévu une route locale qui, elle aussi, encercle le projet de réhabilitation du site de Meneba, mais à plus faible circulation. Par conséquent, on comprend bien que la forme ou la logique du réseau est basée sur le principe de radio-concentricité.

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Carte de la région de Wormerweer.

Source : Meneba Wormerveer, Waterland Real Estate, 27-10-2020 (pdf)

Tel que mentionné plus tôt, le but premier est de mettre l’accent sur la circulation pédestre et à vélo, donc aucune route ne traverse le site autre que la rue Noordijk qui sera exclusivement réservée aux piétons et aux cyclistes, à quelques exceptions (véhicules d'urgence, véhicules de livraison, etc.). Considérant la grandeur du site et l’étude démographique du secteur via le PMVE, les routes ont été planifiées pour éviter de congestionner l’accès au site et aux résidences.

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Carte de la circulation sur le site.

Source : Meneba Wormerveer, Waterland Real Estate, 27-10-2020 (pdf)

La perméabilité du site est également le résultat du choix stratégique de la grandeur des îlots résidentiels. Puisque les maisons en rangées sont de nouvelles constructions, les planificateurs ont pu choisir des dimensions favorables à la circulation pédestre. En moyenne, les îlots ont une façade de 45 mètres, ce qui permet d’avoir plusieurs corridors de circulation à même le site relativement restreint. Tel qu’expliqué par Ian Bentley, plus les îlots sont petits, plus on augmente la perméabilité du site à condition que les axes soient bien alignés pour permettre cette fluidité.

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Carte des ilots. 

Source : Meneba Wormerveer, Waterland Real Estate, 27-10-2020 (pdf)

Ceci étant dit, c’est le réseau piéton qui illustre le mieux les concepts de base de la perméabilité. L’emplacement des espaces publics et la disposition des îlots ont été planifiés  ensemble pour assurer une perméabilité physique et visuelle. Mise à part les abords de la rue Noordijk, les piétons et les autres modes de transport ne partagent pas les couloirs de circulation. Par conséquent, les distances de parcours devaient être efficaces pour bien guider les piétons.

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Grâce à la perméabilité visuelle de l'ensemble du projet, on note qu’un piéton arrive généralement à percevoir la finalité de son trajet à tout endroit dans le parcours. Les chemins mènent directement aux espaces publics ainsi qu’au front d’eau. De plus, les designers ont prévu des ouvertures dans le cadre bâti longeant la rivière Zaan afin d’accentuer les percées visuelles et la perméabilité vers le front d’eau. Maintenant que nous comprenons mieux l’accessibilité au site, voyons voir comment ceci se traduit en perméabilité. Fondamentalement
la perméabilité implique une multitude d’accès au site, mais surtout aux espaces publics. Jusqu’à maintenant, on comprend que plusieurs options s’offrent aux conducteurs et aux cyclistes pour accéder au site. Par contre, l’accès aux espaces publics se fait uniquement à pied. Pour cela, les concepteurs ont prévu des stationnements publics aux deux extrémités du site ainsi que dans chaque îlot résidentiel.

Carte de la perméabilité visuelle.

Source : Meneba Wormerveer, Waterland Real Estate, 27-10-2020 (pdf)

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Carte de la perméabilité physique.

Source : Meneba Wormerveer, Waterland Real Estate, 27-10-2020 (pdf)

La création d’îlots permet aussi d’avoir des espaces privés pour les résidents. Comme on peut voir dans la figure Réf.18, la cour intérieure des résidences se trouve au-dessus du stationnement qui leur est réservé, ce qui empêche les passants d'avoir une vue sur les cours privées. L’un des concepts de perméabilité est ainsi respecté, soit l’équilibre entre les endroits publics et privés.

 

En d’autres mots, une richesse additionnelle est fournie lorsque l’interface entre les espaces publics et privés est bien planifiée. Ainsi, selon la démarche d’analyse prescrite par Bentley, la planification du site de Meneba démontre les qualités de perméabilité qu’on attend d’un nouveau développement.

 

Les parcours sont clairs et offrent plusieurs options menant toutes aux espaces publics, aux différentes activités, et aux différents arrêts de transport en commun sans entraver la vie privée des résidents.

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Carte des stationnements.

Source : Meneba Wormerveer, Waterland Real Estate, 27-10-2020 (pdf)

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Carte des espaces privés (jaune) et espaces publics (bleu).

Source : Meneba Wormerveer, Waterland Real Estate, 27-10-2020 (pdf)

La variété

Maintenant que nous avons mis en place un système de circulation clair et perméable, il est temps d’analyser les possibilités d’usages offertes. Lors de la planification du projet, les concepteurs cherchaient à créer une mixité d’usages à même le site de Meneba. Selon Bentley, la variété est un critère important pour assurer le succès d’un projet de design urbain. La vision du projet inclut l’aspect de mixité d’usage à travers les différents bâtiments. Plus précisément, on cherche à offrir des espaces résidentiels variés, commerciaux et publics. 

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Usages des bâtiments.

Source : Meneba Wormerveer, Waterland Real Estate, 27-10-2020 (pdf)

L’idée de créer un développement autosuffisant implique que certains usages sont nécessaires au bon fonctionnement de la communauté. Par exemple, on prévoit déjà une épicerie, une garderie et des espaces de bureaux afin de réduire la nécessité pour les résidents de devoir quitter le secteur pour obtenir des produits et services. N’étant pas encore un projet complété, on ne peut savoir exactement quels commerces seront établis dans les espaces réservés à cet effet. Par contre, on peut analyser leur positionnement.

Tel que Bentley nous l’enseigne, les espaces commerciaux ont avantage à se concentrer en bordure des axes de circulation principaux ainsi qu'encadrer les espaces publics. De cette manière, on assure un maximum de visibilité et une facilité d’accès grâce à la perméabilité illustrée plus tôt. Pour ce faire, on repère les pôles importants tels que les espaces publics et on les relie grâce au trajet le plus court. Ces parcours représentent les axes les plus achalandés. Ainsi, nous cherchons à établir les commerces le long de ces axes afin d’assurer le maximum de passants tel qu'on le comprend par la disposition du projet de Meneba. Dans la planification du projet, les bâtiments mixtes abritent des commerces aux rez-de-chaussée et principalement du résidentiel aux étages supérieurs. Par conséquent, on profite de la circulation pédestre accrue pour promouvoir les commerces facilement accessibles. 

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Usages des bâtiments.

Source : Meneba Wormerveer, Waterland Real Estate, 27-10-2020 (pdf)

Il est important de discuter de la mixité résidentielle prévue sur ce site. Un étude démographique approfondie avait été faite par Robert Boshouwers et Hannak Kandel afin de comprendre quel type d'habitation devrait être offert sur le site. On prévoit des options de condos, maisons en rangées, appartements et des logements sociaux. Chaque type d’habitation offre également des options de grandeurs et de qualité. Dans l'étude démographique on a cerné les besoins du secteur afin d’offrir la bonne proportion de chaque typologie. Un hôtel est également prévu, par contre, ce dernier est considéré dans la catégorie des espaces commerciaux. 

Un autre résultat de la conservation des bâtiments historiques est la mixité du bâti physique. On comprend que des bâtiments de plus d’un siècle partageront l’espace avec des bâtiments neufs. Certes, même si les développeurs ont prévu un barème à respecter en termes de style architectural, il est inévitable que l'on ressentira l’entrelacement du passé avec le futur. Cette variété contrôlée apportera un autre niveau de richesse au projet de Meneba.

Cette stratégie de conservation n’est pas seulement en faveur d’une reconnaissance patrimoniale, mais représente aussi un avantage économique important. Non seulement le coût de construction du projet sera réduit, mais il permettra que cette réduction soit redistribuée aux futurs citoyens qui se verront offrir des logements à prix plus abordables. C’est pourquoi on prévoit une mixité sociale aussi étalée à même le développement.

Selon les principes d'analyse de Bentley, le projet de Meneba possède une vaste variété d’usages. De plus, on comprend rapidement que la disposition des usages a été réfléchie de façon stratégique afin d’assurer une bonne santé commerciale ainsi qu’une qualité de vie sociale intéressante. Cette mixité est possible grâce à une organisation réfléchie du site, mais aussi aux avantages économiques qu’un projet de réhabilitation fournit.

La lisibilité

Bien entendu, lorsqu’on analyse un projet en plan, il est facile de voir rapidement ses espaces publics et le réseau viaire qui le dessert. Par contre, la lisibilité telle que Bentley l’aborde est d’abord considérée à échelle humaine. Pour bien analyser la lisibilité d’un milieu urbain, on doit se questionner du point de vue d’un usager qui expérimente l’espace physique. Ceci peut être un peu plus complexe lorsque le projet n’est pas encore complété. Kevin Lynch nous fournit quelques notions de base qui nous aideront à analyser la lisibilité du projet de Meneba.

Récemment, la ségrégation de la circulation pédestre et véhiculaire a érodée la lisibilité des milieux urbains à travers le monde. Par contre, quand l’intention de minimiser au maximum l’utilisation automobile d’un contexte urbain est claire telle qu’elle l’est pour le projet de Meneba, la séparation des moyens de transport accentue la lisibilité du secteur. Étant donné la bonne perméabilité du site ainsi que sa taille à échelle urbaine, on comprend rapidement que la lisibilité est facile pour un usager. Par le fait d’avoir des axes droits vers les espaces importants et que les distances soient raisonnables, on peut croire que la majorité des futurs usagers pourront savoir rapidement ce qui se trouve au bout de chaque trajet. En d’autres mots, la lisibilité est déterminée lorsqu’un usager cherche à comprendre où il se situe et ce qu’il y a dans chaque direction qui s’offre à lui. Avec les axes clairs et les distances limitées du projet de Meneba, un  marcheur peut facilement savoir ce qui se trouve aux extrémités des parcours.

Pour mieux comprendre les facteurs à l'œuvre, Lynch nous propose 5 éléments clés ayant un impact significatif sur la lisibilité d’un site.

Les parcours tels que les rues, pistes cyclables, routes, voies ferrées et même les cours d’eau influencent la lisibilité d’un quartier. Comme nous avons vu lors de l’analyse de la perméabilité, les parcours sont clairs et bien planifiés de part et d’autre du site de Meneba. Afin de mettre l’accent sur la priorité aux piétons, on réduit au maximum le nombre et la largeur des routes. En contrepartie, on crée des sentiers pédestres et cyclistes clairs, larges et efficaces sur l’ensemble du site, qui rejoignent aisément les arrêts de transport en commun.

1.

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Carte de la circulation.

Source : 
Plan de conception du complexe Meneba, Waterland Real Estate, 20-10-2020 (pdf) 

Les nodes sont des intersections importantes des parcours mentionnés ci-haut. Dans notre cas, les nodes de circulation de voiture sont situés loin du cœur de Meneba car on veut renforcer l’importance de retirer les voitures du secteur. Par contre, les nodes d’intérêts dans notre contexte sont situés au croisement des sentiers pédestres. Nous avons vu précédemment que les espaces publics sont situés stratégiquement aux croisements des axes principaux de circulation pédestre. Par le fait même, on accentue l'effet des nodes en créant des espaces publics ouverts.

2.

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Carte des nodes.

Source : 
Plan de conception du complexe Meneba, Waterland Real Estate, 20-10-2020 (pdf) 

Les “monuments” sont des références physiques que les usagers peuvent utiliser comme point de repère pour faciliter l’orientation à même le site. Dans un contexte à petite échelle comme celui-ci, on peut insinuer que ce type de marqueur de position n’est pas vraiment nécessaire à la compréhension du milieu. Par contre, les bâtiments historiques du lieu ont certaines caractéristiques qui les rendent emblématique. Par exemple, les silos à l’entrée du site font partie du paysage de la région depuis 105 ans. On peut donc comprendre qu’ils représentent un important point de repère pour la région et aussi pour les nouveaux résidents du secteur. De plus, la tour centrale qui sera conservée et rénovée est aussi un emblème de l’ancienne usine. De par sa hauteur et son architecture vernaculaire, on peut la discerner facilement à des kilomètres à la ronde.

3.

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Carte des monuments.

Source : 
Plan de conception du complexe Meneba, Waterland Real Estate, 20-10-2020 (pdf) 

4.

Les barrières ou limites auxquelles Lynch réfère sont des éléments qui encadrent le secteur sans faire partie de ce dernier. Dans le cas de Meneba, on peut facilement comprendre que la rivière Zaan et les petits canaux intérieurs forment des barrières très claires pour le site. Il est évident pour un usager de comprendre quand il entre ou sort du quartier. Une autre limite moins dramatique est celle du viaduc de la N514 qui coupe le prolongement de la bande riveraine appartenant au site. De l’autre côté, le quartier commercial adjacent au site délimite l’extrémité nord du projet.

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Carte des barrières.

Source : 
Plan de conception du complexe Meneba, Waterland Real Estate, 20-10-2020 (pdf) 

5.

Les quartiers ou districts sont principalement le résultat de la combinaison des 4 éléments précédents. De plus, on distingue un quartier d’un autre par ses qualités architecturales. Dans le cas de Meneba, on comprend facilement que le projet en soi représente l’ensemble du quartier. En plus des éléments mentionnés plus tôt, on remarque que le caractère architectural et le gabarit de certains immeubles résultant de la réhabilitation du site industriel seront distincts de ceux des quartiers adjacents, plus récents. Dans le chapitre sur la réhabilitation, on peut comprendre que l’image du projet sera unique car beaucoup d'efforts seront mis sur la construction d'immeubles nouveaux qui intègrent les qualités architecturales des bâtiments préservés.

Lorsqu’on analyse l'ensemble des aspects de la lisibilité d’un projet, on note que le projet de Meneba offrira un environnement facile à comprendre et à naviguer. Les résidents, touristes et visiteurs pourront facilement se retrouver grâce aux stratégies mises en place par les développeurs du site.

La robustesse

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Variété
Lisibilité
Robustesse

Carte des espaces verts et des places publiques du projet.  

Source : Meneba Wormerveer, Waterland Real Estate, 27-10-2020 (pdf)

La robustesse, selon Bentley, désigne la capacité d’un espace à offrir plusieurs possibilités d’usages. On peut dire d’un bâtiment qu’il est robuste lorsque ses configurations internes, notamment sa profondeur, sa hauteur et ses accès, lui permettent de s’adapter à différents usages. De la même façon, un espace public extérieur est robuste lorsqu’il peut permettre et encourager la réalisation de différentes activités. En somme, plus l’espace permet de choix d’usages, plus l’espace est robuste.

Le complexe Meneba prévoit une variété d’espaces publics
à travers les différents secteurs du projet. Compte tenu de l'information accessible, on note que ces espaces sont principalement ouvert et non-obstrués. Par conséquent, on peut insinuer qu'il seront robuste et permettront un variété d'activités tout au long de l'année.

Un espace public d’importance dans le projet est le Zaankade, soit le «Quai du Zaan» en français. Comme le nom l’indique, il s’agit d’une promenade publique réservée aux piétons et aux cyclistes longeant la rivière Zaan. On y prévoit l’installation de mobilier urbain permettant de s’y asseoir, notamment des tables, des chaises et des bancs. Les habitants et  visiteurs pourront ainsi s’y installer pour discuter, manger ou simplement admirer la vue sur la rivière. On y prévoit aussi l’aménagement d’un quai en bois qui accueillerait des bateaux. Il s’agit d’un espace simple offrant une grande capacité d’appropriation par tous; il possède donc une bonne robustesse. Bien entendu, seul sa réelle configuration nous permettra d'analyse adéquatement sont niveau de robustesse, mais on ressent un vision claire de la part des concepteurs.

Le Noorddijk, qu’on peut traduire par la digue du nord, agit comme axe de circulation principal du quartier. Il s’agit d’une route de faible circulation, où les véhicules y sont interdits à l’exception des véhicules d’urgence et de livraison pour les commerces situés dans le quartier; la voie favorise donc les déplacements piétons et cyclistes et peut ainsi être considérée comme un espace public avec une forte activité.

Ces deux espaces publics d’importance - le Zaankade et le Noorddijk, sont séparés par la bande industrielle, soit une série de bâtiments résidentiels et de petits espaces verts enclavés qui agissent en espace de liaison entre les deux ambiances. Bien que peu de détails soient donnés dans le Masterplan concernant ces espaces, il est prévu que chacun possède une identité et une fonction unique.
Ces espaces possèdent des éléments de places publiques - soit des espaces pavés avec du mobilier - et de parcs de poches - soit de petits espaces de verdure. Il s’agit d’espaces encadrés, puisqu’ils sont tous bordés par des bâtiments résidentiels de grande hauteur sur deux ou trois côtés, l’autre côté ouvert donnant sur le quai ou la digue. Ce retrait par rapport à ces deux espaces publics ouverts offre un refuge à ceux souhaitant profiter d’un espace public plus privé sans nécessairement qu’il soit trop profond pour être complètement détaché ou exclu de l’espace public actif. Puisque le promoteur souhaite accorder une fonction unique à chacun de ces parcs, ceux-ci ont une robustesse plus faible à l’échelle individuelle; toutefois, pris en ensemble, les espaces publics offerts dans la bande industrielle offrent une grande quantité de possibilités d’usages et donnent une bonne robustesse au secteur.
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Vue aérienne de la bande industrielle et de ses espaces publiques.

Source : Plan de conception du complexe Meneba, Waterland Real Estate, 20-10-2020 (pdf) 

L’aire centrale du projet de développement comporte aussi deux places publiques d’importance. L’aménagement prévu de celles-ci est minimal : on y retrouve quelques bandes de végétation, offrant des zones d’ombre aux usagers. Dans les deux cas, elles sont bordées sur trois côtés par les commerces du quartier. Les promoteurs prévoient l’installation de restaurations et cafés avec des terrasses portant sur ces places centrales : on y retrouvera donc des
façades actives qui contribueront à amener de l’activité. L’encadrement de ces places par des bâtiments de moyenne hauteur (5-6 étages), permettant d’avoir un bon mélange de zones ombragées et ensoleillées sur les places publiques. En ce sens, ces places publiques sont robustes, en raison de leurs façades actives, leur espace permettant plusieurs possibilités d’appropriation et une variété de stimulation sensorielle.
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Place centrale

Source : Plan de conception du complexe Meneba, Waterland Real Estate, 20-10-2020 (pdf) 

Une lacune majeure en matière de robustesse des espaces publics du projet est leur taille similaire. Ils occupent tous des îlots de faible taille, ce qui limite la possibilité de réaliser certaines activités. Une place centrale de plus grande taille serait en mesure d’accueillir des activités de plus grand déploiement : on peut penser par exemple à la tenue d’un marché public ou d’un plus grand rassemblement, comme une soirée dansante. 

Au-delà des espaces publics, la robustesse s’évalue aussi au niveau du bâtiment : il est alors question de sa capacité à s’adapter à de nouveaux usages qui pourraient s’y installer. Le projet étudié est un bon exemple de ce phénomène : d’anciens bâtiments industriels, maintenant abandonnés, sont en partie réaménagés afin d’y accueillir des logements et des commerces. On peut donc présumer que le bâti possède déjà une certaine robustesse. La requalification du bâti aura toutefois un impact, positif ou négatif, sur sa robustesse qu’il convient d’évaluer.

La robustesse d’un bâti peut s’évaluer à grande ou à petite échelle. La robustesse à grande échelle s’intéresse à la flexibilité des usages d’un bâtiment. Selon Bentley, pour les bâtiments autres que les maisons unifamiliales, trois critères permettent d’apprécier la robustesse : la profondeur, les accès et la hauteur. Puisque de nombreux usages nécessitent de la lumière et une ventilation naturelle, un bâtiment pouvant accueillir différents usages ne sera pas trop profond, de manière à fournir ces éléments. Dans le cas des bâtiments industriels requalifiés, puisque ceux-ci se sont développés entre la digue et la rivière, ils ont une profondeur raisonnable, semblable à un complexe de logements à étages. Cela explique la facilité avec laquelle les promoteurs peuvent aujourd’hui les convertir en édifications à logements ou en hôtel dans le cas des anciens silos. Les nouveaux bâtiments offrent une profondeur semblable, permettant la même flexibilité quant à leur usage.

Certains usages, notamment les commerces, requièrent un accès direct à l’espace public. En ce sens, un bâtiment robuste comporte de nombreux points d’accès. Dans le cas du Zaankwartier, tous les bâtiments prévus au rez-de-chaussée posséderont leur propre entrée sur la rue ou la place publique où ils sont situés, permettant une possible conversion future en un autre usage. 

Selon la même logique, un bâtiment de grande hauteur possède une robustesse plus faible, puisque l’absence d’accès à l’espace public limite les usages pouvant y prendre place. La forte hauteur des bâtiments requalifiés limite en effet leur capacité d’adaptation : c’est pourquoi on y retrouve des logements pour la bande industrielle et des bureaux pour la place centrale. À l’inverse, tous les nouveaux bâtiments sont d’une hauteur plus faible, les rendant plus flexibles que les anciennes industries. 

Autre élément favorisant la robustesse des bâtiments étudiés : ceux-ci ont tous des toits plats, ce qui offre la possibilité d’y construire du nouveau bâti ou d’y aménager des espaces verts, selon les besoins futurs. 

La robustesse à petite échelle s’intéresse à la capacité des espaces à l’intérieur du bâtiment de s’adapter à de nouveaux usages. Toutefois, puisque la configuration spatiale des bâtiments du projet n’a toujours pas été dévoilée par le promoteur au moment de la réalisation de cette étude de cas, il s’agit d’une caractéristique qu’on ne peut présentement analyser. 

Enfin, Bentley souligne que la présence d’espaces de cours privés augmente la robustesse des bâtiments autour, particulièrement lorsque ceux-ci ont une fonction résidentielle. Les maisons en rangées situées dans la section intérieure du projet possèdent toutes un espace privé mesurant 25 m2. Ceci en fait un espace peu robuste : Bentley affirme qu’il s’agit d’une grandeur ne permettant qu’une activité passive, c’est-à-dire qu’il ne permet pas la réalisation d’une grande quantité d’usages.

Richesse

La richesse

Selon Bentley, un espace riche se qualifie par la variété d’expériences sensorielles qu’il propose. Bien qu’il soit en principe possible d’aménager des espaces en considérant l’ensemble des sens (capacité de mouvement, toucher, odorat, ouïe et la vue), l’approche de Bentley se concentre principalement sur la vue. Selon l’auteur, il s’agit non seulement du sens sur lequel le design urbain peut le plus aisément intervenir, mais il s’agit aussi de celui sur lequel l’humain a le plus de contrôle et celui transmettant la plus grande quantité d’informations à l’être humain. 

Les aménagements entourant la rivière Zaan apportent un élément de richesse intéressant au développement. Le Zaankade ainsi que les percées visuelles prévues au projet

mettent en valeur un élément visuel naturel distinctif donnant un caractère particulier au quartier. La rivière et les activités s’y déroulant offrent aussi des expériences touchant d’autres sens, notamment l'ouïe.

La bande industrielle, composée des bâtiments à étages situés sur le bord de la rivière, comporte un mélange entre bâtiments industriels originaux, avec leurs  tons de briques et de ciment, et des bâtiments reconstruits, réalisés dans une signature architecturale plus moderne. Chaque bâtiment a donc une apparence visuelle qui se distingue de ses voisins, contribuant à la richesse visuelle du site, tout comme la cohabitation du passé et du présent dans les techniques de construction.

Le quartier possède aussi une bonne richesse verticale, puisque les bâtiments qui s’y trouvent ont des hauteurs et des formes variables, ce qui créé des contrastes visuels intéressants. La conservation de la tour centrale, qui se distingue en hauteur et en style du reste du complexe, contribue aussi à enrichir cette dimension du site.

La présence de parcs, d’espaces verts et publics à travers le site contribue aussi à enrichir le quartier. Ils offrent un contraste visuel avec les bâtiments de nature et d’inspiration industrielles, tout en permettant une certaine variabilité climatique au sein du développement, en créant des zones d’ombres et des zones ensoleillées.
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Vue des bâtiments de la bande industrielle à partir de la rivière Zaan

Source :
 Zaankwartier, Nieuwbouw Zaanstad, 2021

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Le Noorddijk : allée centrale de circulation

Source :
 Meneba Wormerveer, Waterland Real Estate, 27-10-2020 (pdf)

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